Séverine et Élodie Lombardo

Montréal, 1er août 2008

Nationalité : Française

Age : 32 ans

Quand on leur demande ce qui les anime, les Sœurs Schmutt répondent à l’unisson : la danse. Formées à l’Université du Québec à Montréal où elles chorégraphient et interprètent l’une pour l’autre, Séverine et Élodie Lombardo, jumelles d’origine française, décident de prolonger leur alliance naturelle pour créer les Sœurs Schmutt, compagnie de danse contemporaine devenue leur identité et leur "marque de commerce".

Connue et reconnue comme un concept original, la compagnie à deux têtes (2 directrices artistiques, 2 danseuses) existe depuis cinq ans. L’idée est née d’un spectacle donné à Montréal, Les Incroyables Sœurs Schmutt, une création en duo qui mettait en scène deux sœurs jumelles psychologiquement siamoises. Le public a aimé et voilà … naissance des Sœurs Schmutt. Aujourd’hui, elles se définissent ainsi mais leur signature n’en demeure pas moins singulière et personnelle, et elles y tiennent ! 

Quand l’une crée, l’autre danse.

Artistiquement, elles disent "s’éclater" beaucoup avec leur gémellité. Pour Séverine, les jumeaux sont une "minorité visible" qui attire et séduit. Pourquoi ne pas en jouer ?! Le public embarque. Il est fasciné par cette force créatrice, issue d’un même patrimoine génétique. Et puis l’improvisation est facile. Très tôt, elles se sont exprimées dans le 
mouvement, dans un monde non verbal où le regard et le toucher suffisaient. Le corps est vite devenu une extension de leur gémellité. Cette fusion corporelle, elles la cultivent; elle se retrouve dans leurs créations imprégnées d’échanges tactiles et de contacts avec le partenaire. Très peu de place est laissé au solo.

Dans ce tourbillon de vie où la danse et la gémellité ont raison d’exister, il devient difficile d’envisager un futur qui pourrait les séparer. Leur plus longue séparation : deux mois et demi. En 32 ans, elles n’ont jamais manqué de fêter un anniversaire ensemble. Parmi les jumeaux que nous avons rencontrés, rares sont ceux qui assumaient aussi bien leur gémellité même si comme beaucoup, Élodie et Séverine se retrouvent en questionnement identitaire. Pour elles, le problème ne se situe pas au niveau de la confiance en soi mais plutôt du délaissement. Pour Élodie, « ce n’est pas le désir d’être ensemble qui nous anime mais plutôt la peur d’être seule ». Plus qu’associées, elles sont aussi colocataires. Elles partagent un appartement devenu leur lieu de vie et de travail, pour des raisons pratiques et financières disent-elles.

Elles ressentent aussi le besoin de s’entourer de personnes, de monter des projets en collaboration avec d’autres artistes, d’agrandir la famille. Un choix de vie très fortement marqué par l’inter relationnel. Un constat les amène pourtant à dire qu’en amitié, ce n’est pas si simple, spécialement à trois. « A l’école, c’était difficile pour un camarde de percer la bulle. Le trio devenait très vite enivrant et ne fonctionnait plus ». Un lien naturel les ramenait toujours l’une vers l’autre. Là est toute la complexité des jumeaux : accepter qu’autrui s’immisce dans cet univers à deux sans perturber l’équilibre vital du couple gémellaire, force inspirante, créatrice et nourricière pour les Schmutt. Difficile d’entrer dans la danse quand la place est déjà prise !

Référence : www.soeurschmutt.com